Quand la réalité est mieux que ce que nous imaginions

J’ai discuté l’autre jour avec une amie qui est vraiment très heureuse en ce moment. C’est drôle parce que j’ai l’impression que tout le monde est heureux autour de moi, et ça me fait vraiment plaisir. C’est assez rare pour être souligné. Les gens rayonnent, sourient, c’est un vrai renouveau après 2 ans de pandémie…

Cette amie vient de commencer un nouveau job. Elle avait beaucoup d’appréhension, a beaucoup hésité à prendre ce job, tergiversé, pensé à refuser, et puis finalement a accepté tout en disant à son employeur qu’elle ne resterait que quelques mois. Elle avait créé dans son imagination tout un tas de difficultés qui allaient arriver et qui seraient problématiques.

Or elle vient de commencer son job, depuis 2 semaines déjà, et elle m’a dit quelque chose que je ne pensais jamais l’entendre dire : « le job est bien au-dessus de mes espérances, bien mieux que ce que j’attendais ». Cette amie est pourtant ultra exigeante et difficile et néanmoins, c’est encore mieux que ce qu’elle avait pu imaginer.

Et je me suis dit que c’était quand même une énorme victoire, quand la réalité est mieux que l’imagination, c’est que quelque chose de merveilleux s’est passé. Elle est sortie de ses peurs, de ses appréhensions, et arrive à profiter du moment et de ce qu’il y a de génial dans ce nouveau job. C’est tellement beau à voir.

Cette situation est rare parce que généralement, on a tendance à rêver les situations et à être quelque peu déçus quand elles arrivent et ne correspondent pas à nos fantasmes. Il arrive aussi que l’on imagine le pire et que finalement, cela ne soit pas si mal. Mais quand la réalité est bien mieux que notre imagination, c’est à marquer d’une pierre blanche.

Et c’est aussi ça, la vie. Se laisser être surpris par des choses merveilleuses qui peuvent nous arriver, sans que l’on s’y attende. Sortir des représentations que l’on peut avoir à l’esprit, des peurs et des fantasmes, des envies et des imaginaires, pour se laisser porter par la réalité, la vie avec ce qu’elle nous apporter, et profiter à fond.

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Lire pour oublier

C’est difficile en ce moment. Tout, se concentrer, travailler, dormir. Avec ce qui se passe en Ukraine, mon cerveau est mal en point, mais j’essaie de faire des efforts malgré tout. Et il y a quelques moments magiques, comme toujours, quand on les cherche. Moments précieux que l’on devrait mettre dans un coffre-fort.

Je dois malheureusement prendre le RER très souvent pour de longs trajets. Jusqu’à récemment, je lisais, des romans, pour me changer les idées, me faire voyager dans d’autres univers et d’autres atmosphères, et c’était un bonheur retrouvé qui rendait mes trajets vraiment très agréables.

Mais depuis le début de la guerre en Ukraine, impossible. J’ouvre le livre, et je pense à autre chose. Il m’est même arrivé de tourner des pages et ensuite de me dire que je n’avais aucune idée de ce que je venais de lire. Impossible concentration. Lire des mots, alors que le cerveau marche à 100% à l’heure, relève de l’exploit.

L’autre jour, en face de moi, il y avait une très jeune fille, à mon avis lycéenne, qui était plongée dans un Dostoïevsky. Il s’est passé beaucoup de choses dans cette rame – des gens qui ont crié, un homme qui parlait très fort au téléphone, un bébé qui pleurait. La fille n’a pas relevé la tête une seule fois, elle était concentrée sur son livre, complètement ailleurs.

Elle tournait les pages avec une avidité qui me faisait pâlir d’envie. Il y eut un temps où la lecture était ma salvation. J’étais capable de plonger dans un livre et de ne plus en sortir pendant des heures. J’étais complètement happée, je rêvais du livre, et ne serait-ce que l’avoir dans mon sac me procurait un sentiment de sécurité incroyable.

C’était l’époque où j’allais même aux toilettes avec le livre, pour ne pas en perdre une miette, parce que je me donnais corps et âme à l’histoire. Je me souviens que quand j’étais au collège, il pouvait y avoir des discussions autour de moi, la télé allumée et même des gens en train de chanter, rien ne me perturbait.

Je pouvais lire partout, à la plage, dans une gare bondée ou même dans un concert. Aucune importance. La vie autour de moi disparaissait et je me transportais ailleurs. D’ailleurs je ne répondais pas quand on m’appelait, on devait hausser la voix pour que j’entende. La lecture était un plaisir infini.

Il l’est toujours, mais en grandissant on lit beaucoup moins. Et surtout je lis beaucoup moins de fiction. Je lis pour mon travail, mais c’est différent. Pas de plongée dans un autre univers, pas de beauté des mots, pas de rêverie, pas de personnages avec des vies et des réflexions propres. Et cela me manque.

Alors je me suis remise avidement à la lecture de romans depuis quelques temps. Mais les capacités ne sont pas les mêmes. Les temps d’écran et l’avancement en âge réduisent la capacité de concentration.

Malgré tout, quand je trouve un moment de sortir un livre, et que le livre me plaît, le bonheur éprouvé est intact. Je me souviens récemment d’un livre de Delphine de Vigan, qui m’avait même amenée à annuler un rendez-vous pour pouvoir le finir. La magie de la littérature est éternelle, sachons la cultiver, surtout en ces temps difficiles où lire peut apporter une étincelle d’espoir.

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Guerre et paix

Je n’aime pas parler de politique sur ce blog, mais aujourd’hui la situation est trop grave. Je n’ai pas de mots pour dire ce que je ressens ce soir… alors je vais faire court. Je suis issue d’une génération qui n’a pas connu la guerre, une génération pour qui l’Europe était l’avenir, un continent qui avait tout fait pour permettre aux peuples de vivre en paix, un espoir pour tous.

Voir ce qui se passe actuellement en Ukraine me glace le sang, provoque en moi une tristesse infinie. J’ai cru, comme beaucoup, que le multilatéralisme et la diplomatie aideraient l’Europe à tout surmonter, que nous resterions un continent en paix, que nos aïeux ne s’étaient pas battus en vain. Mais comme on dit : rien ne doit être jamais pris pour acquis.

Quand je vois les raisons de cette guerre, la petitesse de ces décisions, je désespère. Les peuples ne veulent pas de conflits pour la plupart, ce sont des dirigeants portés par leurs egos et leurs désirs de domination qui les lancent, peu sensibles aux conséquences que cela peut avoir pour les populations.

Et aujourd’hui je regarde médusée ces images qui viennent de ce pays européen si proche de nous : des personnes réfugiées dans des stations de métro pour fuir les bombes, les sirènes d’alarmes anti bombardements qui résonnent dans la capitale, des civils effrayés qui fuient les zones à risque, laissant tout derrière eux, des enfants séparés de leurs parents.

J’ai entendu ce matin un homme pleurer à la radio, et je n’ai pu retenir mes larmes. Il expliquait que sa femme et sa fille de 1 an sont bloqués à Kiev et qu’il ferait n’importe quoi pour les faire revenir en France. J’ai entendu cet après-midi une dame pleurer le départ de son fils. J’ai vu comment on arme les jeunes, les femmes, les étudiants, tout le monde, des gens qui n’ont jamais connu la guerre et qui ne savent pas se servir d’une arme.

Tout cela est d’une absurdité sans fin, j’ai l’impression que l’on marche sur la tête. Je ne comprends vraiment pas comment on peut en arriver là. Comment la démesure d’un homme peut mener à cette folie meurtrière contre laquelle les dirigeants du monde entier se trouvent bien impuissants.

J’aurais tellement de choses à ajouter, mais je vais en finir là… Simplement espérer qu’il y aura le moins de victimes possible et que nous allons rapidement trouver une solution. Malgré tout, et alors que ces derniers temps nous n’avons pas été très épargnés, et qu’à la crise climatique, politique, sanitaire s’ajoute une crise géopolitique mondiale, ce mois de février 2022 restera marqué dans ma mémoire comme un nouveau tournant de l’histoire.

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Ne pas chercher la lumière

J’ai eu une discussion récemment avec un ami qui m’a fait beaucoup réfléchir. C’est une personne que j’admire au plus haut point, un être merveilleux, que j’ai eu la chance énorme de croiser par hasard sur ma trajectoire. Il est à la fois brillantissime et d’une gentillesse infinie. C’est quelqu’un en qui j’ai une confiance absolue, et qui me redonne, chaque jour, foi en l’humanité.

Bien que nous travaillons tous les deux sur deux champs différents, nous essayions de trouver des synergies, des moyens de travailler à nouveau ensemble. Il m’a parlé de la possibilité que j’interagisse avec son organisation. Et je lui ai proposé de l’aider à communiquer autour de celle-ci. Et il m’a répondu quelque chose qui a suscité chez moi surprise mais aussi une grande admiration « oh, tu sais, on ne cherche pas à se faire connaître ».

Il m’a expliqué que son organisation avait un fonctionnement familial, très convivial et informel et qui fonctionnait très bien, et qu’ils ne cherchaient pas à être dans la lumière. Son ambition est de faire un excellent travail avec des gens qu’ils apprécient et avec qui ça fonctionne bien. Pas besoin d’attention supplémentaire, tant que l’organisation est assez connue auprès d’un petit cercle.

Dans ce monde fluide dans lequel nous sommes, où la communication et la lumière sont centrales, où chacun cherche à se faire connaître, à devenir connu et où les réseaux sociaux constituent la vitrine de ce phénomène qui conduit chacun à parler plus fort que les autres pour se faire remarquer, cette approche me semblait merveilleuse. Simple, authentique et bienveillante, comme la personne qui la porte.

Cela m’a beaucoup inspirée. Nos sociétés contemporaines sont très centrées sur l’apparence et les égos, la lumière et la mise en avant. Or vouloir rester anonyme, inconnu, dans l’ombre est quelque chose qui me parle, et j’y aspire. Cependant, c’est un luxe que ne peuvent se permettre que les personnes qui sont déjà établies. Avant cela, dans un monde capitaliste, il faut faire ses preuves pour pouvoir avoir un poste stable.

Et c’est bien la différence entre lui et moi. Il a un poste stable, et ce n’est pas mon cas. J’adorerais pouvoir rester dans l’ombre, mais il faut que je fasse parler de moi pour réussir, un jour, à trouver un poste stable. Alors, je pourrai peut-être rester dans l’ombre et faire les choses à ma façon, tranquillement, entourée de gens que j’apprécie. Et c’est un idéal, un vrai idéal.

Ca l’est d’autant plus que je n’aime pas la lumière. Je la fuis, même. Mais j’ai besoin que l’on connaisse ce que je produis, mon travail, pour pouvoir continuer à en vivre. L’ombre a toujours été pour moi un endroit confortable, sans frustration. Etre le centre d’attention ne me plaît pas du tout, je n’en tire aucun plaisir, voire au contraire un certain mal-être. J’aime la liberté qu’octroie l’obscurité.

Alors je laisse ça là, à méditer, cette idée d’un bien-être dans l’ombre, la modestie, sans chercher à avoir une ambition démesurée en termes de reconnaissance et de lumière. Peut-être est-ce ce qu’il y a de plus réel finalement, bien loin de feux de la rampe et des faux espoirs.

A bientôt J

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Imaginez

« Imaginez que vous vous donnez soudain le droit d’être furieusement heureux.

Oui, imaginez une seconde que vous n’êtes plus l’otage de vos peurs, que vous acceptez les vertiges de vos contradictions. Imaginez que vos désirs gouvernent désormais votre existence, que vous avez réappris à jouer, à vous couler dans l’instant présent. Imaginez que vous savez tout à coup être léger sans être jamais frivole. Imaginez que vous êtes résolument libre, que vous avez rompu avec le rôle asphyxiant que vous croyez devoir vous imposer en société. Vous avez quitté toute crainte d’être jugé. Imaginez que votre besoin de faire vivre tous les personnages imprévisibles qui sommeillent en vous soit enfin à l’ordre du jour. Imaginez que votre capacité d’émerveillement soit intacte, qu’un appétit tout neuf, virulent, éveille en vous mille désirs engourdis et autant d’espérances inassouvies. Imaginez que vous allez devenir assez sage pour être enfin imprudent. Imaginez que la traversée de vos gouffres ne vous inspire plus que de la joie. »

Alexandre Jardin, Le Zubial (1997)

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S’appuyer sur son passé

En faisant des séances de coaching ces dernières semaines, je me suis rendu compte qu’on parlait beaucoup de son passé malgré tout. Or le coaching est censé, contrairement à la thérapie, se centrer sur le présent et le futur. Ce qui est intéressant, c’est que l’on parle souvent du passé comme d’une croix que l’on porte, le « bagage » avec lequel on vient, et plus on avance dans la vie, plus on a de « bagage ».

Mais ce que j’ai appris en avançant, c’est que le passé c’est aussi quelque chose d’extrêmement aidant pour le présent. Oui, on a eu des difficultés, des traumatismes, des souffrances, mais on les a souvent surmontés, et cela nous a renforcés et appris beaucoup de choses. On a digéré des ruptures, surmonté des dépressions ou des deuils. Et cette force-là, elle ne naît que de l’expérience.

D’autre part, et c’est aussi la manière dont je m’appuie sur le passé pour le coaching, le passé est aussi fait de beaucoup d’expériences merveilleuses, de moments magiques, d’amitiés, d’amour, de succès, des moments qui donnent à la vie sa valeur, sa saveur, et qu’on ne renierait pour rien au monde. Il faut s’appuyer sur ces moments, pour renforcer sa confiance en soi.

D’ailleurs, je remarque que très souvent, les mauvaises expériences perdent de leur violence avec le temps. L’événement qui semblait horrible, terrifiant, affreux au moment où nous l’avons vécu apparaît comme un petit point noir lointain, sur lequel nous avons réussi à prendre beaucoup de recul.

Et c’est une stratégie que j’utilise aussi dans mon coaching : lorsqu’un événement semble être une horreur, toujours se demander : « j’en penserai quoi dans 10 ans ? ». S’il ressemblera à un petit point noir, alors ne pas y accorder trop d’importance. Si on pense qu’il va être central dans notre vie, alors y porter un peu plus d’attention pour négocier le visage.

Nous ne pouvons pas changer le passé malheureusement, mais nous pouvons changer la manière dont nous le regardons et ce que nous en faisons. Il peut-être une véritable force, un lieu de ressources pour nous aider à traverser les moments difficiles, un réservoir de souvenirs qui nous apaisent. Il faut s’appuyer sur son passé pour construire son avenir, c’est la seule manière d’accepter que le temps passe et que rien ne sera plus jamais comme avant, pour le pire, mais surtout pour le meilleur !

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Apprendre à gérer l’incertitude

On m’a demandé cette semaine quelle était ma grande résolution de l’année. Je n’ai pas ressorti les idées habituelles (passer moins de temps devant les écrans, me remettre à la musique etc.). J’ai répondu, spontanément, en m’appuyant sur mon quotidien actuel : apprendre à gérer l’incertitude.

Cela fait des années que je travaille là-dessus et c’est encore difficile pour moi. Cela ne concerne pas toutes les situations, ce qui est assez étrange. Pour moi, le plus difficile, c’est quand c’est lié au travail. Les situations incertaines du côté personnel me gênent moins. Au travail, j’ai besoin de savoir où je vais, ce que je dois faire et pour quand. Avoir un plan, même si finalement je ne le suis pas.

Je pense que c’est aussi très lié à mon impatience. J’aime que les choses aillent vite, et quand elles prennent du temps, qu’elles trainent, qu’elles restent dans l’incertitude, dans les limbes de l’indécision, je bouillonne, et parfois je n’en dors plus. Je pense que c’est aussi lié à la précarité de ma situation et à la nécessité de sentir une certaine forme de contrôle malgré tout.

Je ne dirais pas que c’est aussi problématique qu’il y a quelques années, mais j’ai encore une très grande marge de progression. Malgré tout, j’aimerais donner ici quelques idées et outils pour apprendre à gérer l’incertitude. Surtout que c’est une situation qui a concerné beaucoup de monde ces deux dernières année avec la pandémie : l’incertitude était partout. Voici ici quelques idées – parmi d’autres.

La première chose est de comprendre ce qui nous pose problème face à une situation incertaine : est-ce que c’est le fait de ne pas savoir ce qui va se passer, la peur qu’il se passe quelque chose de terrible, l’envie d’être posé et tranquille, l’impossibilité de se projeter ? Comprendre ce qui se passe dans notre tête est important. Pour moi, je me rends compte que c’est très lié à la manière dont j’envisage les situations, et mon envie de « clôturer » des caps. Par exemple, quand j’ai un article en cours d’écriture, j’aime pouvoir savoir quand je vais le terminer, et le rayer de ma liste de choses à faire. Je n’aime pas que les choses restent en l’air pendant des mois et des mois. Il y a donc plusieurs formes d’incertitude, qu’il est intéressant d’analyser.

La deuxième chose, c’est d’essayer d’identifier ce sur quoi nous pouvons nous rattacher, des choses certaines, des formes de bouées face à une mer agitée. Pendant la pandémie, il y avait des éléments qui pouvaient être rassurants pour beaucoup de gens (pas pour tous malheureusement) : avoir un toit, de quoi manger, un travail. On peut aussi se demander : y a-t-il des choses que je peux faire pour me rassurer ? Ainsi, face à une situation incertaine, appeler quelqu’un qui puisse nous donner des informations sur cette situation. Par exemple, j’aime avoir les dates butoirs, pour pouvoir me raccrocher à quelque chose de concret.

La troisième chose est de se recentrer sur le présent, de se mettre dans une forme de quotidien méditatif, c’est-à-dire se plonger dans ce qui est là, ici et maintenant. Méditer, apprendre à bien respirer, regarder ce qu’il y a autour de nous, écouter les sons, sentir les odeurs. Ne plus penser à l’avenir et à ce qui pourrait se passer, mais se concentrer sur le présent, qui est la seule certitude que l’on puisse avoir. Le présent est une certitude, et c’est quelque chose d’extrêmement rassurant. Quand j’ai besoin d’être dans le présent, le sport m’aide beaucoup, car il m’évite de penser.

Quand j’ai dit à ce groupe de personnes que je voulais apprendre à gérer l’incertitude, ils m’ont dit que c’était aussi le cas pour eux. C’est un mal du siècle. Nous qui sommes habitués à cette impression de tout contrôler, nous avons du mal avec ce qui nous est impénétrable et inconnu, l’incertain. Mais c’est aussi une belle leçon de vie qui nous apprend à nous ré-ancrer dans le présent, à nous recentrer sur nous et nos proches, à nous stabiliser, un rocher qui reste imperturbable malgré la tempête.

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Construire sa petite cabane

L’une des plus importantes découvertes que j’ai faites dans ma vie, c’est de comprendre que la vie, ce n’est pas censé être génial tout le temps. Beaucoup de romans, de films, de magazines, de séries nous vendent l’idée d’une vie stimulante, passionnante, trépidante, intense à tout moment. Tout est haut en couleur, léché, joyeux, énergique. Ça donne envie, ça donne terriblement envie, mais cela correspond très rarement à notre quotidien.

La vie, ce sont aussi les petites choses, le prosaïque (s’ennuyer à mourir en faisant la queue pour faire un test covid, grogner tous les matins quand on se lève parce qu’on a envie de rester au lit), les petits embêtements du quotidien (se cogner contre un coin de table, envoyer un email à la mauvaise personne), et des choses horribles (des décès, des accidents, le chômage etc.). Il y a heureusement des œuvres d’art qui parlent de ça aussi…

Face à ça, à la réalité de la vie, chacun fait comme il peut. Je me souviens d’une émission de radio où un acteur célèbre (il me semble que c’était Edouard Baer) évoquait le fait que la vie nous envoie des vagues de boue, des énormes claques, ce dont on ne se doute généralement pas quand on est jeune. Et cela s’accélère au fur et à mesure que l’on avance en âge. Il soulignait le fait qu’il ne s’attendait pas à ça, et que c’était très violent. Ça m’a beaucoup rassuré de savoir qu’un acteur comme lui pensait cela et en parle avec une grande sincérité.


Mais surtout, ce qui était passionnant, c’est qu’il disait comment lui, personnellement, il faisait face. Il a raconté qu’il s’était créé une petite cabane imaginaire, dans son esprit, dans laquelle il se réfugiait quand le monde était trop noir, trop violent. Sa cabane est très concrète, il peut la décrire. Je ne me souviens pas à quoi elle ressemblait, mais il était capable de dire précisément des choses comme elle est en bois, il y a un canapé vert et le sol est en lino.

Cela m’a beaucoup touchée d’entendre parler de cela parce que je fais la même chose. J’aime avoir des lieux imaginaires où me rendre quand j’en ai besoin. Et je trouve que c’est une bonne manière d’utiliser le pouvoir de l’imagination pour faire face aux événements difficiles que nous traversons.

La visualisation, l’imagination, la créativité sont des instruments puissants pour parvenir à affronter l’adversité, pour prendre confiance, pour réussir à trouver un peu de lumière dans une obscurité parfois constante. Avoir un monde intérieur riche est clé. La bonne nouvelle, pour ceux qui n’en ont pas, c’est que cela se développe. Il y a beaucoup de choses que vous pouvez faire pour enrichir votre imaginaire et votre monde intérieur, et c’est d’autant plus important que cela contribue à renforcer la confiance en soi et permet d’apprendre à mieux se connaître.

Quelques exemples. Une première manière de développer son imagination et son monde intérieur est de lire. Lire requiert de créer un monde dans son esprit – ce qui n’arrive pas quand vous regardez un film ou une série – et c’est particulièrement connu que les grands lecteurs ont souvent une riche vie intérieure. Une autre manière est de s’ennuyer pour laisser flâner la pensée, et donc les rêves. Enfin, vous pouvez faire des exercices plus proactifs de visualisation (à travers la méditation) ou en écrivant.

La multiplication des écrans fait grandement baisser notre capacité à accepter l’ennui. Ils limitent la rêvasserie, la flânerie, or c’est essentiel pour notre bien-être mental. Apprenons à rêver, et construisons-nous une petite cabane, pour être toujours à l’abri de l’adversité parfois infinie.

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Quand la vie apporte de la magie…

L’autre jour, j’ai pleuré, pleuré devant une vidéo comme cela ne m’était pas arrivé depuis longtemps. Il ne s’agissait pas d’un événement tragique mais de l’un des moments les plus magiques qu’il m’ait été donné de voir depuis longtemps. Ce n’est pourtant rien d’extraordinaire, une nouvelle anecdotique, mais qui a fait le tour du monde, tant l’histoire est émouvante.

L’histoire se déroule en Octobre 2021. Lisette Oropesa, célèbre soprano, est en concert au Grand théâtre de Parme pour donner un récital solo à l’occasion du 21e festival Verdi. Lors de son rappel, elle décide d’interpréter « Sempre Libera », l’un des plus beaux airs de la Traviata. Seulement, en l’absence de partenaire pour chanter la partie d’Alfredo, c’est le piano qui doit l’accompagner.

Or, tout à coup, du fond de la salle surgit une voix qui chante la partie d’Alfredo. Lisette est étonnée mais réagit avec délicatesse et subtilité, les gens dans la salle rient, tout comme le pianiste, surpris par cette apparition soudaine. Le chanteur est en fait Liu Jianwei, un étudiant chinois de 24 ans, qui étudie l’art lyrique dans un conservatoire italien. Il ira s’excuser à la fin de la soirée auprès de Lisette, pour l’avoir interrompue pendant sa performance. La vidéo a fait le tour du monde, et a fait de Liu Jianwei un héros national en Chine.

Pourquoi l’histoire m’a-t-elle émue à ce point ? Bon, il faut être honnête aussi, je pense qu’une grande partie est due aussi au fait que j’adore l’opéra et que Sempre Libera est l’un de mes airs préférés. Mais au-delà du simple aspect musical, j’ai trouvé qu’il y avait là plusieurs éléments qui ont fait de ce moment un instant magique.

Tout d’abord, c’est une situation extraordinaire : jamais dans l’histoire de l’art lyrique (en tout cas de manière documentée), il n’y a eu un spectateur qui ait interrompu la représentation pour donner la réplique à un chanteur sur scène. C’est du jamais vu, un acte d’une grande bravoure qui remet en cause tous les codes et les idées que l’on peut avoir sur ce qu’est l’opéra, le spectacle vivant plus généralement.

Ensuite, c’est une rencontre entre deux passionnés d’opéra, qui viennent de deux continents différents, qui ne se sont jamais rencontrés, mais qui se parlent à travers un langage qu’ils comprennent et aiment. C’est aussi un moment partagé entre une chanteuse mondialement connue et un étudiant inconnu qui chante dans l’ombre d’un théâtre. Il y a là quelque chose de touchant, de romanesque, de poétique.

Enfin, – même s’il y a d’autres raisons, je m’arrêterai là -, j’ai trouvé que son acte était d’un courage admirable (même si d’autres disent le contraire). Jeune, étudiant, inconnu, étranger, il a osé se lever, sans s’échauffer, sans se préparer, devant un immense parterre de spectateurs aguerris (les Italiens sont extrêmement connaisseurs) pour venir en aide à son idole. Qui ose faire cela ? Le risque était grand de mener au désastre (mauvaise réaction de la chanteuse ou du public, fausse note etc.).

J’ai passé la semaine à regarder cet extrait pour quelques minutes de cet instant magique, en me demandant comment la vie pouvait nous offrir des moments si intenses et si merveilleux. J’ai transféré la vidéo à plusieurs personnes qui ont été tout aussi émues que moi. La petite vidéo que j’avais repérée sur twitter est devenue ensuite virale. Parce que trouver de telles pépites est rare et nous redonne des ailes, et l’espoir en cette vie où le merveilleux est parfois difficile à trouver.

Pour voir la vidéo : https://www.radioclassique.fr/magazine/articles/un-spectateur-chante-avec-la-soprano-lisette-oropesa-et-devient-un-heros-en-chine/

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Bonne année 2022!!

Je vous souhaite des rêves à n’en plus finir. Et l’envie furieuse d’en réaliser quelques-uns.

Je vous souhaite d’aimer ce qu’il faut aimer, et d’oublier ce qu’il faut oublier.

Je vous souhaite des passions, je vous souhaite des silences.

Je vous souhaite des chants d’oiseaux au réveil, et des rires d’enfants.

Je vous souhaite de respecter les différences des autres, parce que le mérite et la valeur de chacun sont souvent à découvrir.

Je vous souhaite de résister à l’enlisement, à l’indifférence et aux vertus négatives de notre époque.

Je vous souhaite enfin de ne jamais renoncer à la recherche, à l’aventure, à la vie, à l’amour. Car la vie est une magnifique aventure et nul de raisonnable ne doit y renoncer sans livrer une rude bataille.

Je vous souhaite surtout d’être VOUS, fier de l’être et heureux, car le bonheur est notre destin véritable…

– Jacques Brel, 1968 –

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